mardi 20 décembre 2016

Toutes petites vengeances.

Oh ils sont beaux, y'a pas. Ils ont l'apparat qu'il faut, ces rats pontes, ces rois parias, les crasseux costardé aux agendas remplis, aux voitures parquées cirées, pas de rayure, alarme automatique assistance 24/24. Ils ont le portefeuille rempli de particules joignables à tout moment, reliés qu'ils sont à leurs garanties rétives, à leurs réseaux graveleux.

Ils sont la voix du speaker et le parleur du talkshow, ils sont à l'antenne et ressassent leurs antiennes sans trève, alors que la guerre là-bas est réelle trop réelle, faut mettre de la douleur coco, faut ressortir la couleur, le gros plan sur ces larmes c'est bien, va parler à cette mère là sur le seuil, le seul encore debout, la seule qui parle pendant que le palais palabre, tous coupables aucune démission, pas de rémission, c'est l'heure de l'émission plateau-télé, alors que la famine est annoncée encore là-bas la peur, ressers-moi du poulet, tu l'as faite comment la purée, purée y'a encore un attentat déjoué, plus chez nous, et l'urne dégueule de toutes les cendres, le score dénonce les scories de ce qui nous attend, un autre attentat déjoué un autre attentat déjoué, nous jouons sans attendre, grand tirage à la télé, le ticket composté, le ticket tiqué, les bonnes cases, les coches, et eux remplissent des cases pour le droit de rester dans nos abris débordés
. Elle pleure encore la mère sur le seuil au milieu des ruines de sables et des gaz et sa famille sous les décombres n'a plus à combler l'angoisse des bombes, et la caméra fixe, fixe le visage, fixe les larmes, jusqu'au lendemain, effacées qu'elles seront par les marées nauséabondes de nos présentateurs, la prochaine tragédie, le prochain élan du cœur, la prochaine vague indignée de confort, notre jugement miséricordieux.

Ressers-moi du poulet, elle est vraiment bonne cette purée.

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